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Revoir Watteau : Un comédien sans répliques Pierrot, dit Le Gilles
16 octobre 2024 - 3 février 2025

Le Pierrot, dit autrefois le Gilles, de Watteau est l’un des chefs-d’œuvre parmi les plus célèbres de la collection du Louvre. Cette toile mystérieuse pose de nombreuses questions aux historiens depuis des décennies. A l’issue de sa restauration, en cours au Centre de recherche et de restauration des musées de France, il sera au cœur d’une exposition-dossier inédite.
On ne sait rien de l’œuvre avant sa découverte par Dominique Vivant Denon (1747-1825), artiste et collectionneur, directeur du musée du Louvre sous Napoléon. Elle est très vite considérée comme un chef-d’œuvre de Watteau et célébrée par les écrivains et historiens de l’art de renom. Elle incarne pour beaucoup une certaine image du XVIIIe siècle, tour à tour, selon les auteurs et les époques, malicieuse, cynique ou mélancolique. Son prestige va considérablement appuyer le retour en grâce de l’art du XVIIIe siècle à l’époque de Manet et de Nadar.
L’exposition permettra de présenter les données que la restauration aura révélées, mais aussi d’étudier cette peinture totalement singulière, dont l’attribution a parfois été contestée, au sein de l’œuvre de Watteau ainsi que dans le contexte culturel et artistique qui l’a nourrie. Seront rassemblées de nombreuses œuvres de Watteau (peintures, dessins) mais aussi de ses contemporains, peintres, dessinateurs, graveurs (Gillot, Pater, Lancret, Oudry, Fragonard, etc.) et hommes de lettre (Marivaux, Lesage, Regnard, Evaristo Gherardi), en privilégiant le riche répertoire théâtral de l’époque.
Dès avant son entrée dans les collections du Louvre en 1869, grâce au legs de Louis La Caze (1798-1869), cette peinture a captivé celles et ceux qui l’ont contemplée pendant des générations. Ce pouvoir de fascination se nourrit sans doute de son exceptionnelle qualité mais aussi de sa singularité en son siècle et du mystère qui entoure les conditions de sa création.
C’est pourquoi le propos de l’exposition explorera également « l’ombre portée » du tableau, c’est-à-dire sa remarquable postérité, critique et artistique. La réception de cette œuvre fut considérable, incroyablement variée et féconde. Cette image, aussi puissante qu’énigmatique, a fortement inspiré le monde des lettres de Gautier à Baudelaire, de Verlaine à Sand, des Goncourt à Prévert. La photographie, le cinéma, et la création musicale s’en sont également emparée (Nadar, Schönberg ou Carné). Les plasticiens, enfin, de Manet et Courbet à Picasso, de Derain à Juan Gris, de Ensor à Rouault ou Alberola, ont, eux aussi, parfois souhaité édifier leur avant-garde sous son égide. Il sera donc question du dialogue passionnant que les grands créateurs ont engagé avec le fascinant tableau du Louvre.
Cette exposition est présentée en écho à l’exposition « Figures du fou » qui se tiendra aux mêmes dates dans le hall Napoléon.