« L’art est un jeu d’enfant », disait Max Ernst. Dans sa nouvelle exposition à la galerie Guillaume, Anna-Lisa Unkuri s’est emparée avec art du thème de l’enfance. Ses tableaux ne sont pas de simples portraits d’enfants. Ils vont bien au-delà. « Ce qui m’intéresse, confie l’artiste, c’est de transformer des images banales, telles des photos d’albums de famille, en peintures oniriques ; de libérer les figures du contexte de la vie quotidienne ». En observatrice affûtée, Anna-Lisa Unkuri saisit à la dérobée des moments magiques. Elle effleure l’intimité des enfants entre eux, qui se sont créés un refuge improvisé pour mieux s’isoler du monde des grands, et inventer le leur. Sa palette chromatique hors du commun – hors du réel – suit au diapason l’imaginaire en plein travail. L’aventure est toujours à portée de la main. Un pied en suspens dans un autre univers, une fillette lit, et tout ce qui l’entoure bouge et se transforme. Un bambin chemine avec un cheval sur un jeu géant. Il n’y a pas d’ombres dans les tableaux d’Anna-Lisa Unkuri, car il n’y a ni jour, ni nuit, ni lumière naturelle dans ces rêves éveillés. Dans un tableau saisissant, l’artiste dépeint deux enfants qui se tournent le dos, l’un sérieux en costume, assis sur une chaise d’adulte, l’autre accroupi dans ses pensées. Le si redoutable pouvoir de la pensée, capable d’ouvrir la boite de l’imaginaire mais aussi de la refermer, hélas, en mûrissant. Merci à Anna-Lisa Unkuri de nous rappeler ces moments de grâce, et de les raviver. »
 Alexandre Crochet
Journaliste et historien de l’art