Qu’est-ce qu’une exposition d’arts plastiques si ce n’est l’expérience d’une parenthèse dans notre vie chronométrée, la mettre en pause, pour “reprendre le temps” ?

Alice Arrigoni est une jeune artiste qui a débuté cette série de pastels comme un besoin d’évasion durant les confinements. Un dessin par jour, inspiré des paysages bretons d’où vient sa famille maternelle. À la façon d’un journal de bord, Alice s’est appliquée cette discipline de, régulièrement : trouver le sujet, le cadrer, le fixer sur papier. Lui fallait-il, pendant cette période particulière de notre histoire, tenir le temps, le retenir, ou le remplir ? A nous, les spectateurs, d’en décider. Toujours est-il que ces dessins laisseront une trace de cette période. Après une pause d’un an, Alice a repris cette série tel un tremplin pour poursuivre son cheminement artistique. Florence Ormezzano, médiatrice culturelle

CE QUE NOUS DIT L’ARTISTE : Chaque été je passais mes vacances en Bretagne auprès de mes grand-parents, cousines, cousins, oncles et tantes. Aujourd’hui encore, ce sont les paysages qui me sont les plus familiers, empruntés de mes souvenirs. Je m’ancre toutefois dans l’instant présent : celui du crayon qui se pose sur la feuille. Une fois le premier trait posé je ne pense plus au reste, comme une coupure méditative. Le présent se confond au passé et futur. Seul le paysage sous mes yeux continue de se métamorphoser. Les herbes hautes s’agitent, les nuages passent, les passants apparaissent et disparaissent. Je reste immobile, défiante face au temps qui glisse sous mes yeux. Je tente de le saisir de mes doigts, une lutte déjà perdue d’avance. Alice Arrigoni, artiste