
Romain Bernini : Zeugma
15 mars 2025 - 5 octobre 2025

Le zeugma est une figure de style qui consiste à lier deux éléments différents, souvent des mots ou des idées, par un seul terme qui s’applique à chacun d’eux de manière différente. Cette association inattendue crée une tension poétique, un jeu de sens qui brouille les frontières entre des idées apparemment opposées ou distantes.
Dans le cadre de ce projet appelé Zeugma, l’idée est de jouer avec cette même logique d’assemblage et de juxtaposition. L’artiste invité est ce lien. Il établit des connexions inédites entre l’Abbaye royale et le musée d’Art moderne de Fontevraud. L’objectif n’est pas seulement de confronter les deux lieux, mais d’en faire émerger un sens nouveau, d’explorer des rapports inattendus, de créer une alchimie subtile entre les œuvres exposées. À travers les deux propositions, Fontevraud invite l’artiste à expérimenter de nouveaux modes de représentation, à redéfinir les relations entre les espaces, les formes et les idées.
Comment Romain Bernini a-t-il imaginé pouvoir lier les œuvres de la collection du musée d’Art moderne aux ensembles architecturaux de l’abbaye de Fontevraud ? La verticalité et la puissance du lieu imposent un rapport au sacré qui apparaît dans de nombreux objets de la collection issus de diverses formes de spiritualité. Bien que la déambulation dans le musée soit horizontale, bien que toute hiérarchie entre les œuvres y soit abolie, l’artiste a vécu une expérience semblable à celle qu’il a éprouvée dans l’abbaye ; il y a perçu la même intensité et a distingué le même propos, celui d’une humanité en quête de son lien à l’intangible. Pour l’artiste, la tentation est grande de montrer comment les bâtiments et les œuvres d’art éclairent une relation à la transcendance, qui fait que l’on crée une peinture, un édifice, un chant.
À cette fin, Romain Bernini se sert des lieux comme d’un matériau de création ou d’un répertoire iconographique : les images, l’architecture, les œuvres sont appréhendées, interprétées puis déplacées pour entrer dans la peinture. Ainsi, dit-il, « c’est à travers la référence directe, la mise en abyme ou la translation de certaines œuvres de la collection que ma proposition exprime les liens possibles entre le musée et le site patrimonial qui ne se resserrent pas autour d’un récit linéaire mais, au contraire, favorisent l’émergence de narrations multiples autour de la recherche universelle du sacré ».
A propos de Romain Bernini
Né en 1979, Romain Bernini vit et travaille à Paris. Il crée une œuvre picturale nourrie de réflexions sur la couleur, l’espace, les rites, la culture populaire, les arts extra-occidentaux.
Qu’il s’agisse de paysages luxuriants et énigmatiques, de chamanes contemporains masqués ou grimés, d’animaux exotiques ou encore de zones étranges et indéterminées, les œuvres de Romain Bernini donnent à voir une marge du monde, la possibilité d’une extase ou d’un balancement entre le réel et l’utopie.
Romain Bernini est représenté par les galeries Suzanne Tarasiève (Paris) et HdM (Londres et Pékin). Pensionnaire à la Villa Médicis à Rome en 2010–2011, il a participé à de nombreuses expositions en France et à l’étranger comme Eden’s Island : Magicians, Wnderers and Stargazers (K11 de Wuhan, Chine 2024), Immortelle (MO.CO, Montpellier, 2023), Expended Minds (HdM gallery, 2020), Eldorama, (Lille 3000, 2019), Les Enfants du Paradis (Musée des Beaux-arts de Tourcoing, 2019), Romain Bernini, (exposition personnelle, musée des Beaux-Arts de Chambéry, 2018), Blue Bird (Daegu Art Factory, Corée du Sud, 2022), Tristes tropiques (1905 Art Space, Shenyang, Chine 2021), Creating Worlds (Wooyang Museum of Contemporary Art, Corée du Sud, 2017).
Ses œuvres sont dans de nombreuses collections publiques telles que le Centre Pompidou Musée national d’Art moderne-, le Centre national des arts plastiques, le MAC VAL , le Frac Ile-de-France ou encore le Frac des Pays de la Loire. Une grande tapisserie a été tissée à partir d’une de ses œuvres à la Cité internationale de la Tapisserie d’Aubusson.