Un peintre maîtrise ses idées, c’est-à-dire sa peinture, lorsqu’il conserve la capacité de faire autre chose – sans perdre le fil de son évolution. Penser à autre chose, passer à autre chose, faire autre chose est un signe de vitalité autant qu’une nécessité pour l’esprit. En art, il sera le signe que le succès commercial n’a pas enfermé l’artiste.

Il y a chez Fabien Boitard une gradation de traitement, du bâclé au virtuose, de l’action concrète à l’illusion rétinienne, qui participe d’une même narration-en-geste dont on voit la conséquence infligée au matériau ; et c’est un tableau.

Il y a chez Hervé Ic une tentative d’harmonie à partir de ressources incohérentes, fragmentaires, hétérogène et truquées comme le monde devant soi. Sa peinture est un assemblage qui semble naturel mais ne l’est pas, et force au discernement.

On trouve chez eux cette persistance du « je » singulier, de la décision sans calcul, motivée par une intention, et la volonté de faire autre chose.