“Dialogue(s)” est une exposition bien nommée. En son sein, les intériorités se répondent : celles de Giacometti, O’Keeffe ou encore Zao Wou-Ki, et celle de Karine Prette qui les réunit de la pointe de son pinceau, prolongeant le moment de sa rencontre avec leur art, et l’émotion pure suscitée par celle-ci.

Une tension tiraille l’artiste, entre méthode précise appliquée aux portraits et lâcher prise ordonné par ses abstraits, afin que dans ces derniers, ce soit au tour de sa propre psyché d’être interrogée.

“Dialogue(s)” permet à ces deux opposés de converser.

Karine Prette avance à tâtons dans une oscillation permanente entre ombre et lumière. Son acrylique ne connaît qu’une règle : rien ne s’efface. Pour changer, il faut ajouter.

Ce qui est inscrit reste, même si la trace du passé devient aussi subtile et infime qu’une cicatrice blanchie par le temps. Tout ce que l’on a vécu laisse trace en nous, sombre, ou lumineuse.

Les portraits naissent d’une rencontre, qui se fait souvent dans le cadre d’une exposition. Mue par le désir de prolonger le moment de celle-ci, de sublimer l’émotion qui en a jailli, Karine Prette se lance dans de longues recherches pour trouver le parfait reflet de l’artiste à inviter sur sa toile.

Pour composer ses toiles abstraites, Karine Prette procède à l’exact opposé des rigoureux portraits. Les compositions, qui ne sont jamais préparées à l’avance, apparaissent par le biais d’un dialogue gestuel que l’artiste interrogera longuement, assise devant sa toile, tendue au mur des semaines durant.