Dans le cadre des 150 ans de l’impressionnisme avec le musée d’Orsay, « Sensations et impressions » est une nouvelle et exceptionnelle occasion de repenser le début du parcours de « Joyeuses Frictions », conçu en 2018 pour célébrer les 20 ans du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.

Aux joyeuses frictions entre art moderne et art contemporain, s’ajoute celle entre l’impermanence des atmosphères et la matérialité de la touche. À travers une vingtaine d’œuvres, et notamment celles de Sisley, Laval, Maillol et Vallotton déposées par le musée d’Orsay en 1998, il s’agit de montrer comment l’impressionnisme et le post impressionnisme ont œuvré à la construction de la modernité.

Dès 1863, Sisley quitte Paris pour des paysages plus champêtres, décidé à traduire les effets changeants du ciel ou de l’eau et des paysages en pleine transformation. Cette manière d’envisager le réel dans son immatérialité même est déterminante dans l’avènement de l’abstraction. Les titres révèlent combien couleur, saison et heure importent au moins autant que les lieux fréquentés, intemporels ou au contraire restructurés par l’industrialisation et les chantiers qui ont suivi la guerre franco-prussienne.

La naissance de la modernité est par ailleurs étroitement liée à l’utilisation de la matière picturale et à l’empreinte du pinceau définie par une épaisseur, une forme et une couleur. Entre 1880 et 1910, la touche de Monet ou de Cézanne font des émules dans toute l’Europe (Signac, Thaulow). Cet héritage va se poursuivre chez les artistes des avant-gardes (Kupka, Kandinsky, Larionov) et jusque dans l’art d’aujourd’hui (Janssens).