Dans l’atelier de Guido Reni
30 novembre 2024 - 30 mars 2025
Guido Reni (1585-1642) fut l’un des artistes les plus recherchés des cours européennes du xviie siècle, mais aussi un artiste très présent sur le marché de l’art naissant en Italie. Formé dans la dernière mouvance d’un certain maniérisme bolonais, il se tourne rapidement vers la nouvelle académie des frères Carracci (Annibale, Ludovico, Antonio), découvrant une nouvelle approche de la figuration avant de rejoindre Rome, où convergeaient toutes
les nouveautés de la peinture d’Europe occidentale du temps. Reni se construit rapidement une solide réputation qui lui vaut les plus prestigieuses commandes. De retour à Bologne, qu’il ne quitta presque plus durant le reste de sa vie, il établit un imposant atelier afin de faire face aux nombreuses demandes d’artistes souhaitant se former à son contact, mais aussi de commanditaires ou de collectionneurs désireux d’obtenir une toile du « divin Guido ». Probablement l’un des peintres aux rémunérations les plus élevés de l’époque, Reni est également profondément marqué dans sa carrière par une addiction aux jeux, le conduisant au moins une fois dans sa vie à presque tout perdre.
Les dernières années ont été profondément marquées par un renouveau de l’intérêt pour l’artiste, à qui trois expositions ont été dédiées à Rome, Francfort et Madrid. La première, centrée sur le rapport à la nature, était suivie par deux imposantes monographies indépendantes, permettant de faire un vaste point sur un peintre aussi
renommé que complexe. La recherche fut ainsi relancée, avec un regard tout à fait nouveau sur le multiple dans l’atelier du peintre. Si le regard contemporain conduit le plus souvent à une vision pyramidale de la création artistique, centrée sur un original et des copies, la réalité de la bottega du Seicento (atelier du xviie siècle) est bien
différente. Le principal biographe de Reni, Malvasia, rapporte que l’atelier du peintre pouvait rassembler jusqu’à 60 personnes, et même parfois jusqu’à200 venant de toutes les nations d’Europe.David contemplant la tête de Goliath reste l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Reni, connu et célébré dès le vivant du peintre. La restauration récente
de la version du musée des Beaux-Arts d’Orléans par Cinzia Pasquali et l’atelier Arcanes a permis de la réévaluer et d’reconnaitre un original de Reni. Ce tableau d’Orléans, mentionné en France pour la première fois peu après la mort de Reni, était relégué depuis plus d’un siècle au rang de copie, par opposition avec le tableau du musée du
Louvre provenant des collections royales.