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Bourdelle et l’Antique, une passion moderne
4 octobre 2017 @ 10 h 00 - 4 février 2018 @ 18 h 00
Dans l’histoire des formes comme des idées, pas « d’avancée » qui ne procède d’un « recul », pas de révolution esthétique qui ne passe par la renaissance d’un passé enfoui, la reviviscence d’un patrimoine spirituel et plastique – en l’occurrence celui de la Grèce la plus antique. C’est là que le sculpteur Antoine Bourdelle viendra puiser pour créer les chefs-d’œuvres de sa maturité au tout début du XXè siècle.
De l’énergie primordiale du mythe, des figures fabuleuses des temps archéologiques – Tête d’Apollon (1898-1909), Pallas Athénée (1905), Héraklès Archer (1910), Le Fruit ou la nudité des fruits ( 1906-1911), Pénélope (1905-1912), Centaure mourant (1914)… – Bourdelle tire la force novatrice d’un « travail net, dépouillé et sans nuance », affranchi de l’esthétique de Rodin, des canons de l’académisme comme des conventions du réalisme.
Repensée en termes de masses et de plans, soumise à un processus d’épuration et d’altération, la sculpture de Bourdelle donne corps à une beauté inédite que la critique dénonce, dans un premier temps, comme « un retour à l’idole du sauvage. » Paradoxalement le mouvement même de ce retour à « l’origine » inscrit Bourdelle au coeur des prospections les plus audacieuses de l’art moderne.
L’exposition confrontera donc la création de Bourdelle aux déesses de Puvis de Chavannes, aux baigneuses de Picasso, à la Méditerranée de Maillol comme à la Serpentine de Matisse – familiers, pour un temps, de l’atelier du maître –, aux sculptures de Modigliani et de Zadkine, aux faunes et chèvre-pieds de Ker-Xavier Roussel et de Maurice Denis qui participèrent tous deux à la création du Théâtre des Champs-Élysées, aux figures chorégraphiques d’Isadora Duncan et de Nijinski qui « dansèrent l’antique »… Dans le laboratoire formel de cet archaïsme moderne opératoire des années 1890 aux années 1920, l’exposition rend à Bourdelle la place déterminante qui lui revient.