Gabriel Pardon

L’art est venu à moi par la bande dessinée, enfant déjà, ce monde de bulles et de successions d’images me faisait rêver…Comme une évidence, dès l’âge de 11 ans, je me suis inscrit dans un atelier d’art, à Poissy. J’ai alors réalisé mes premiers portraits et appris à observer de plus en plus finement, associant les premières techniques de dessin. Puis, je suis rentré aux peintres de l’abbaye en tant que jeune élève, avide d’apprendre et plein de curiosité ; la belle ironie de la vie fait qu’aujourd’hui c’est un lieu où j’enseigne le dessin et prend plaisir et intérêt à accompagner des élèves. L’exercice de transmission est un domaine dans lequel je me suis également découvert et qui agrémente mon identité d’artiste aujourd’hui.

L’enseignement académique aux ateliers préparatoires de l’EPSAA de Paris (École Professionnelle Supérieure d’Arts graphiques et d’Architecture) a constitué pour moi un déploiement dans la rigueur de la technicité du dessin et l’amorce d’un univers graphique particulier, comme par exemple le cinéma de Murnau qui m’influencera petit à petit…

Le sésame obtenu pour l’accès à la fameuse école de Saint-Luc à Bruxelles – section bande dessinée – m’apporta une libération et une affirmation dans l’originalité du travail que je peux proposer. L’enseignement y est relativement libre permettant d’affiner mon univers, de le peaufiner…sensibilisé au travail de narration, au monde cinématographique, à la mise en scène des images, je me suis également tourné vers l’anatomie artistique.

La rencontre avec le fusain a été une grande surprise car il s’est imposé à moi et a agi comme une révélation dans mes dessins. J’ai trouvé avec cette technique une sensibilité, une sensorialité dans la texture de l’outil, engendrant ainsi un style. Le fusain permet une impression veloutée donnant un grain photographique, des nuances infimes et infinies dans les variations du noir et du blanc.

Le rapport est physique et sensitif car je réalise mes images à mains nues seulement. Le principe est de partir du noir et d’éradiquer la poussière de charbon de la surface sensible du papier. La lumière étant au centre de mes préoccupations : la façon dont elle peut venir percer les ombres et mettre en valeur tel relief, tel reflet…

Le fusain invoque naturellement un univers vaporeux, brumeux, rajoutant un aspect mystérieux aux choses. Le noir et blanc oblige au cru, au tranché, toujours dans un jeu de clair-obscur et de nuances détaillées. Cette technique avance jusqu’à atteindre parfois des zones muettes, même si paradoxalement beaucoup de choses sont « dites » dans les images que je produis.

La création d’images fait appel à un rapport exutoire puisque je m’attache à rendre compte d’un univers sombre, sans cesse omnibullé par les effets de la lumière dans les ombres et la manière dont celle-ci se pose sur les choses… Le ton peut alors paraître dramatique ; suggérant, plutôt que montrant, évoquant plutôt qu’imposant.

Inspiré des contes et légendes, j’aspire à déployer dans des paysages fantastiques un monde onirique, même s’il s’agit davantage de cauchemars parlant des ombres enfouies dans les âmes…

Rendez-vous en images pour de prochaines aventures sur le Site de Gabriel Pardon.